Vouloir le bonheur de ses salariés – par Rami Kechteil

Billets d'humeur

12 juillet 2018

Êtes-vous sûr de souhaiter que votre hiérarchie se soucie de votre bonheur ? Moi, en présence de personnes qui veulent le bonheur des autres, je me méfie, pardonnez-moi, mais je pense à la cohorte des missionnaires qui savent mieux que les autres ce qui est bon pour eux, au pire à Staline et Hitler tous les deux convaincus de détenir LA solution.

Article en réponse à celui de Jean-Louis Bénard.

Jamais donc je ne demanderai à mon entreprise de m’apporter le bonheur

Il me suffit que ma hiérarchie crée les conditions favorables à ma réussite, ou tout simplement qu’elle me laisse l’espace pour des satisfactions professionnelles.

Si nous y réfléchissons, nous pouvons le constater, nos plus profondes fiertés professionnelles, nos véritables satisfactions donc, tiennent à des choses que nous avons faites librement, à des entreprises que nous avons prises à cœur personnellement, pour elles-mêmes, jamais pour échapper à une sanction ou pour décrocher une prime.

Ainsi, manager à grand renfort de menaces de sanctions ou de promesses de primes, c’est confisquer à ses collaborateurs tout motif de fierté. Entendez-le bien, cela n’interdit ni de sanctionner ni de récompenser – mais après coup, au vu des résultats ou après observation des comportements.

Ne vous préoccupez pas de mon bonheur, de mon bien-être au travail peut-être, pas de mon bonheur. Et surtout, surtout, laissez-moi un périmètre de liberté d’initiatives et de décision : j’y cultiverai mes satisfactions professionnelles, des fiertés durables, en obtenant des résultats auxquels j’aurai travaillé pour eux-mêmes, sans motivations extrinsèques, hors de portée des bâtons et des carottes.

On peut s’investir dans un travail dans le seul objectif de le réussir, dans l’espoir d’un résultat qui se suffira à lui-même. Comme le bonheur se suffit à lui-même ! On peut vouloir être riche, ou être célèbre, pour quelque chose, pour être aimé ou admiré, pour dominer… c’est possible. Certains, plaisante-t-on, couchent pour réussir et d’autres veulent réussir… pour coucher ! Mais personne, personne ne veut le bonheur pour quelque chose qui lui soit extérieur. Vouloir le bonheur de ses collaborateurs pour développer son chiffre d’affaires ! Faut-il pleurer faut-il en rire ? Le bonheur n’est pas un moyen, un marchepied, l’instrument d’un but extérieur… Il est une fin en soi.

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